A la fin du XIXème siècle, le capitaine Dreyfus est arrêté et accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne. Il sera condamné, dégradé et déporté en Guyane avant d'être finalement réhabilité douze ans plus tard. La France de l'époque, obsédée par des rêves de revanche contre l'Allemagne suite à la guerre de 1870, se déchire alors entre défenseurs et accusateurs du capitaine Dreyfus. Chacun sait que l'antisémitisme a eu un rôle déterminant dans la condamnation de Dreyfus. Trois historiens, Pierre GERVAIS, Pauline PERETZ et Pierre STUTIN viennent de publier un livre dans lequel ils évoquent  une autre raison, restée secrète, qui a pu influencer les juges du capitaine Dreyfus et les inciter à la sévérité : l'homophobie  ! Dreyfus n'était pas homosexuel et jamais aucun soupçon n'a été officiellement porté sur sa sexualité. En revanche, le dossier secret que le ministre de la guerre de l'époque avait demandé, en toute illégalité, aux services de contre espionnage de constituer, fait état de l'homosexualité de deux protagonistes, un allemand et un italien, auxquels Dreyfus était accusé d'avoir livré des documents militaires français. Le dossier secret contenait ainsi des lettres érotiques échangées entre Maximilian von Schwartzkoppen, attaché militaire allemand à Paris, et Alessandro Panizzardi, attaché militaire italien. Ces lettres dont certaines commencent par "Mon cher bourreur" et se terminent par "adieu mon bon petit chien", sont suffisamment explicites pour ne laisser aucun doute sur la nature de la relation unissant les deux attachés militaires. La thèse des trois historiens consiste à dire que si l'homosexualité n'a jamais été mentionnée officiellement dans l'affaire pour des raisons diplomatiques, elle a été volontairement mise en exergue au sein du dossier secret afin d'influencer les juges, dont l'homophobie était patente, en faveur de la condamnation de Dreyfus. 

Pierre GERVAIS, Pauline PERETZ, Pierre STUTIN

Le dossier secret de l'affaire Dreyfus

Alma Editeur.