L'Assemblée
nationale a adopté hier, mardi 23 avril, le texte de loi ouvrant le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels dans les mêmes termes que le Sénat. La loi est donc définitivement
approuvée. Même s'il reste encore à attendre le jugement du Conseil constitutionnel saisi par les députés de l'opposition puis la promulgation du texte par le Président de la République, les
premiers mariages, sauf surprise improbable, devraient pouvoir être célébrés à l'été. Devant ce vote historique qui fait de la France le 14ème pays du monde à légaliser le mariage homosexuel, il
convient de fêter l'événement et de remercier celles et ceux qui ont rendu cette avancée majeure possible.
Au gouvernement et aux parlementaires qui ont voté le texte de loi : merci ! Merci d'avoir compris que, loin de vouloir renverser la société et ses valeurs, les homosexuels ne demandent rien d'autre que d'être des membres à part entière de la communauté nationale. Merci d'avoir affirmé que l'homosexualité n'est ni un vice, ni une anomalie, ni une monstruosité. Merci de reconnaître que les homosexuels ne sont pas des citoyens de seconde zone, qu'ils ont les mêmes devoirs et les mêmes droits que l'ensemble des Français et qu'ils méritent eux-aussi la protection de la République. Merci d'avoir accordé à l'amour homosexuel la même valeur, la même noblesse et la même respectabilité que celles dont bénéficie depuis des siècles l'amour hétérosexuel.
A ceux qui n'ont pas voté le texte de loi : merci ! Merci d'avoir veillé à ce que les débats restent dignes et constructifs. Merci d'avoir conservé suffisamment de respect pour vos fonctions pour ne pas céder à la tentation des dérapages verbaux, des insultes et des provocations. Merci de nous avoir épargné ce spectacle pitoyable que nous offrent parfois certaines Républiques bananières où les représentants du peuple, faute d'arguments, en viennent aux mains au coeur même de l'hémicycle. Merci d'avoir constamment et fermement condamné les amalgames entre homosexualité, pédophilie, inceste et zoophilie. Merci d'avoir dénoncé les violences homophobes, les prières organisées en pleine rue par quelques fondamentalistes, les atteintes à l'ordre perpétrées par des groupuscules extrêmistes. Merci, enfin, d'avoir courageusement refusé de défiler aux côtés de ceux qui ,bien qu'élus de la République, n'en acceptent pas les valeurs. Il aurait été si agréable, Mesdames et Messieurs les parlementaires de l'opposition, de vous adresser ces quelques lignes de remerciement si vous n'aviez pas délibérément pris le risque surréaliste de mettre le pays à feu et à sang pour empêcher à tout prix quelques uns de vos concitoyens d'être un peu plus heureux et pour tenter, sans réel succès, de faire oublier vos profondes divisions et votre absence effrayante de propositions pour le pays.
Et comme, en France, tout se termine en chanson, je vous propose de fêter l'événement en nous délectant d'une oeuvre de Frigide BARJOT qui réclame en musique qu'on lui fasse l'amour avec deux doigts. Pourquoi deux me direz-vous ? Frigide, qui à l'époque, n'était pas encore touchée par la grâce divine et lisait plus volontiers le Kamasutra que les Saints Evangiles, répond en connaisseuse que "3 doigts, ça ne rentre pas, un seul ça ne le fait pas !". Ce sont des déclarations commes celles-ci qui fondent une crédibilité !
Pas sûr, toutefois, que ce soit le genre de chanson que Frigide entonne avec ses nouvelles copines à la sortie de la messe...
Pour Henri GUAINO, comme pour beaucoup d’opposants au mariage pour tous, l’union
de deux personnes de même sexe est contre-nature. La fameuse « loi naturelle » dont certains se font les défenseurs intransigeants interdirait à un homme d’aimer un autre
homme et à une femme d’aimer une autre femme. Elle interdirait a fortiori aux homosexuels d’avoir des enfants au nom du principe biologique selon lequel tout enfant ne peut
naître que d’un accouplement hétérosexuel. Ce concept de « loi naturelle » mérite réflexion. Car, voyez-vous, la loi naturelle est parfois badine ! Elle joue des tours, réserve des
surprises, place elle-même des petits grains de sable dans l’engrenage bien huilé de la vie. C’est elle qui, par exemple, rend stériles certains couples hétérosexuels. Faudrait-il, au nom de la
« loi naturelle », interdire à ces couples d’adopter des enfants ? C’est encore cette même « loi naturelle » qui permet à un père de famille de découvrir
tardivement son homosexualité et de choisir de l’assumer pleinement. Que dit alors la « loi naturelle » sur ses enfants ? Le jour où l’homme a commencé à bâtir des
huttes pour s’abriter du froid, le jour où il a commencé à cultiver ses légumes et à élever des animaux au lieu de se contenter de chasser et de vivre de cueillette, le jour où il a
commencé à croire en un Dieu unique au lieu de vénérer le soleil, les arbres et l’esprit de la terre, il s’est affranchi de la « loi naturelle ». L’homme n’est pas un animal
seulement motivé par la satisfaction de ses besoins primaires vitaux et naturels : manger, boire, dormir, se reproduire. Il est doué de conscience. C’est grâce à cette conscience que
l’homme, après bien des luttes, a inventé la République et a choisi d’élire des députés plutôt que de se laisser gouverner par les plus forts ou les mieux armés. Toute société a été bâtie
contre la « loi naturelle ». Notre société, au fil des siècles, n’a eu de cesse de chercher à corriger et à atténuer la violence, la brutalité, la barbarie de la « loi
naturelle ». Eriger le respect de la « loi naturelle » en dogme de notre société, c’est avoir pour ambition de revenir à l’état sauvage. C’est par cette loi
naturelle que le lion mange la gazelle. La loi des hommes a été imaginée pour protéger la gazelle contre le lion, pour protéger le faible contre le fort et pour empêcher que les minorités ne
soient opprimées par la majorité. Unir deux hommes ou deux femmes n’est pas plus « contre-nature » que d’empêcher les prêtres de se marier, de greffer un nouveau cœur à un malade ou de
fabriquer des bouteilles en plastique… L’homme ne choisit pas de naître homosexuel ou hétérosexuel, blanc ou noir, valide ou handicapé. Jadis si l’homme n’était pas né « du bon
côté », la « loi naturelle » le contraignait à se cacher, à devenir esclave ou à mourir précocement. C’est l’honneur et la dignité de la République d’avoir établi comme
fondement le principe d’égalité. Un principe contre-nature ? Oui, naturellement ! 
J'avais déjà eu
l'occasion d'évoquer la tribune infâme écrite par Falk VAN GAVER et Jacques DE GILLEBON pour le site des Nouvelles de France et d'y apporter une réponse (lire
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